QUOI DE NEUF SUR LE VIN ?


CE QUE LE NOUVEAU REFERENTIEL HVE CHANGE EN VITICULTURE EN 2023

Pour obtenir la certification en 2023 ou rester HVE en 2025, de nombreux vignerons vont devoir revoir leur façon de fertiliser et de désherber. Le point avec le directeur du pôle bio et transition agricole de la Chambre d’agriculture de Gironde, qui revient également sur le volet biodiversité.
Les viticulteurs doivent rapidement se pencher sur le nouveau référentiel HVE et son plan de contrôle pour rester dans les clous lors de la campagne 2024 et ne pas perdre leur certification en 2025. Les candidats à une première certification sont concernés dès cette saison.
Parmi les potentiels items bloquants, le directeur du pôle bio et transition agricole de la Chambre d’agriculture de Gironde, pense d’abord à la fertilisation. « En bilan apparent, nous avions jusqu’à présent tous les points en dessous de 60 unités d’azote par hectare. Désormais, nous commencerons seulement à en obtenir en dessous de 50 » détaille Yann Montmartin.
Un vrai défi, notamment sur les sols pauvres, où les vignerons ne peuvent faire l’impasse sur amendements organiques. « Le seuil a été placé trop bas par rapport aux enjeux environnementaux. Il aurait été plus pertinent de le relever et d’augmenter le nombre de paliers permettant de cumuler des points ».
Les exploitations pourront se rattraper lors du calcul de la part de l'azote organique sur l'azote total apporté sur la SAU et sur la mise en place de couverts de légumineuses sur l’inter-rang. « Elles ne suffiront pas toujours à compenser le bilan azote mais ces mesures ont le mérite d’encourager les bonnes pratiques, telles que la mise en place de couverts de végétaux » juge le technicien.
Sur les « indices de fréquences de traitement » (IFT), comparés au référentiel du bassin viticole, Yann Montmartin craint essentiellement des difficultés pour la partie herbicide. « Avant nous obtenions des points en dessous d’1,46. Désormais ce sera 0,6, l’équivalent d’une demi-dose par an et par hectare, impossible à tenir ».
En pratique, Yann Montmartin explique que les vignerons qui ne désherbent pas obtiendront 5 points et les autres n’en auront aucun.
Tout ou rien : « Ce sera tout ou rien. Certes il faut tendre vers le zéro herbicide, mais cette référence n’est pas représentative de la réalité. Et elle ne récompense pas ceux qui ont drastiquement réduit le désherbage chimique pour passer au mécanique ».
A Bordeaux, la Chambre d’agriculture a suivi l’IFT d’une majorité de ses certifiés HVE sur 4 millésimes. « Ils sont en moyenne à 1,05, sachant que 25% ne désherbent pas » illustre Yann Montmartin. Côté biodiversité, le nouveau référentiel valorise le pourcentage de la surface de l'exploitation en infrastructures agroécologiques (IAE) mais prend moins en compte la diversité des paysages.
Yann Montmartin comprend l’intérêt de la mesure en grandes cultures, beaucoup moins en vigne. « Dans l’ancien texte, 100 mètres de haie équivalaient à 1 hectare d’IAE. Dans le nouveau, ils ne vaudront plus que 0,2 ha, et 100 mètres de lisière de bois compteront seulement pour 0,1 ha. En vigne, nous devrions réussir à obtenir les points sur cet item mais pour cela nous allons nous retrouver à compter toutes les petites bandes tampon. Cela va demander un gros travail administratif » prévient-il.
La Chambre d’agriculture de Gironde n’aura pas les moyens de passer chez ses 600 certifiés mais compte démultiplier les formations collectives dès ce début d’année. « Ils doivent savoir ce qui les attend techniquement suffisamment en avance et pouvoir consulter leurs clients pour faire le choix de continuer ou pas la HVE ».
La réforme de la certification HVE laisse le vignoble dans la plus parfaite incertitude 
Les décrets sont publiés pour définir le cadre du nouveau cahier des charges Haute Valeur Environnementale, mais les mesures concrètes de contrôle restent encore inconnues, ce qui inquiète le vignoble, incapable de se projeter en l'état.
Moins festif qu’un calendrier de l’avent, le compte à rebours pour la mise en place ce premier janvier 2023 de la nouvelle certification Haute Valeur Environnementale (HVE) va également conduire à des surprises dans le vignoble. À défaut de cadeaux, les craintes sont fortes sur un décrochage du nombre de nouvelles certifications au vu des nouvelles contraintes après des années de croissance continue (18 300 domaines viticoles certifiés au dernier pointage). Soulignant que la certification de troisième niveau « s’appuie sur un référentiel technique qui n’a été revu qu’à la marge depuis 2012 [NDLR : sa date de création], et pour la dernière fois en 2016 », un communiqué du ministère de l’Agriculture indique qu’« en résumé, le référentiel rénové de la HVE, ne comporte plus de "voie B", qui faisait l’objet des plus nombreuses critiques [NDLR : pour son approche comptable et non agroécologique], et ses exigences ont été revues à la hausse sur les indicateurs de protection de la biodiversité, de limitation de l’usage de produits phytosanitaires, et de gestion raisonnée de la fertilisation ».
Si l’approche est claire dans la théroei, ses effets pratiques restent bien nébuleux. Ayant adopté le socle de la HVE, la certification Viticulture Durable en Champagne (VDC) opte actuellement pour l’attentisme : « pour l’instant VDC reste sur l’ancien référentiel, les anciens barèmes. Nous n’avons de toute façon pas tous les éléments pour préparer les vignerons » témoigne Sébastien Debuisson, responsable du service vigne au Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), expliquant avoir « pris acte du changement. Mais si l’on a le gros des éléments, il manque les détails. Nous n’avons pas de grille de notation et de manuel de préparation. »
Blocages sur la fertilisation
D’après les premiers échos, l’ingénieur agronome relève un possible problème sur le nouvel indicateur de biodiversité : « il y aurait quelques soucis, mais on a du mal à estimer l’impact de la réduction de points sur les plantations de haies ». Sébastien Debuisson relève surtout un fort risque de rupture pour l’indicateur de fertilisation : « avec la prise en compte pour la minéralisation de l’azote total et pas de l’azote efficace. Quelqu’un qui apporte des écorces, du paillage, du mulch, des engrais organiques… Il dépassera facilement l’indicateur. C’est un point d’incompréhension. » D’après ses estimations, 30 % des certifiés HVE de Champagne pourraient ainsi perdre leur certification à l’avenir (il y a un délai de transition). « Cette règle poserait problème, on est dans une position d’attente. Il y aura des points importants à vérifier dans les premiers mois d’audit 2023 » note Sébastien Debuisson.
Il faut voir ce qui peut être amélioré
Semblant peu enclin à de trop importantes modifications, le cabinet du ministre indiquait récemment que sa proposition de réforme de la HVE constitue un « texte d’équilibre entre les différentes parties prenantes. Ça demeure la base de référence » pour avoir « un référentiel HVE rénové permettant de sécuriser HVE au sein de l’écorégime » de la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027). Plus qu’une large concertation, il y a eu une large abstention lors du vote de la CNCE grince Jérôme Despey, le secrétaire général de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA). Pour le viticulteur de l’Hérault, « il faut voir ce qui peut être amélioré. S’il faut plus de temps pour la viticulture, nous ne sommes pas pressés par les écorégimes*, qui concernent très peu le vignoble. Prenons le temps. » Un appel à la négociation qui s’alarme de l’absence de transition prévue : les nouveaux critères étant opérationnels dès ce premier octobre pour les primo-certifiés.Dans ces conditions, « la question se pose : est-ce que le ministère veut que la viticulture sorte de la certification environnementale de type HVE ? » interroge Jérôme Despey, notant qu’il existe d’autres certifications environnementales. D’après de première estimation dans le département de l’Hérault, au moins 30 % des actuels certifiés HVE perdrait le label en l’état. Les marches à atteindre sont trop élevées alors que d’énormes efforts sont déjà demandés conclut Jérôme Despey.
* : La réforme de la PAC entre en vigueur le premier janvier 2023, avec son nouveau dispositif d’écorégimes.

 

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